Des hommes sur scène
mais face à la mort

Les deux acteurs et le metteur en scène de Premier adieu se sont entretenus avec un San au sujet de leurs pièces étonnantes. En effet, il y a de quoi s'étonner : deux hommes se retrouvent seuls à un enterrement. Ils ne se connaissent pas et ne connaissent pas le mort.

Par San Kerszner

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Des hommes sur scène mais face à la mort

L'un est un habitué, l'autre vient pour la première fois. Malgré leur méconnaissance du défunt, ils tentent tant bien que mal de dire adieu au défunt, comme il se doit. Les deux acteurs (Hugo et Jules) et le metteur en scène (Alex) de ce récit surprenant sont désormais là, face à moi, après s'être tenu face au cercueil.

San :

Les deux personnages sont très différents, l'un est nerveux et déboussolé, l'autre a plus d'assurance et lui dit d'ailleurs "Tu devrais faire preuve de plus de sensibilité esthétique !". On a donc un personnage symbolique et un personnage plus émotif, mais tous deux semblent être pourvus d'une sensibilité bien qu'elle ne soit pas similaire. Est-ce volontaire, ou ça s'est fait tout seul ?

Hugo :

Il faut forcément deux sensibilités différentes. C'est écrit pour nous deux, inspiré par nous deux, et on est assez proches des persos.

Jules :

C'était important que les personnages, par les comédiens, soient sincères dans la démarche. On ne voulait pas faire de parodie, ni être trash pour être trash.

Hugo :

Oui, on ne veut pas se moquer des enterrements, même si on rit avec.

San :

Il y a toute une notion de "voyeurisme" puisque le personnage de Hugo se braque lorsqu'il est traité de vicieux, que les deux observent une scène qui ne leur était pas destinée.

Hugo :

Oui, et le voyeurisme ici n'en est pas un. Comme c'est dit dans la pièce, "on ne fait de mal à personne". L'idée, c'est de sortir de sa zone de confort, comme c'est le cas de mon personnage, pour faire face au désir de se tenir là, et même de toucher le cercueil.

San :

On dirait la toute première sortie en boite de nuit d'un mec timide qui rencontre un habitué.

Alex :

C'est exactement ça.

San :

Le cercueil serait-il comparable à une femme qui intimide l'un et avec laquelle l'autre est plus à l'aise, allant jusqu'à ce geste final et brutal ?

Hugo

Pour le personnage de Jules, un cercueil est un cercueil. C'est du bois, de la matière, donc quand il le touche à la fin, il n'y à rien de déplacé.

Jules :

Oui, il n'y a pas d'interlocuteurs en face, mais ce qui est intéressant, c'est du côté des personnages. L'un se libère, et l'autre salue.

Hugo :

C'est comme un tcheck pour le personnage de Jules. Il dit au revoir au cercueil, il marque la fin du rituel, et en même temps, il a réalisé son désir.

Jules :

"Tu as contenu tes pulsions trop longtemps !".

Alex :

Oui, c'est une de tes répliques.

Jules :

Le propos, c'est qu'il faut être soi-même quand bien même ça parait étrange, tant que l'on reste à sa place bien-sûr.

San :

Sa place... Comme quand vous parlez d'où s'asseoir lors d'un enterrement qui réunit du monde.

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