One Piece : une critique
100% tome 100

Le tome 100, paru pour les dernières fêtes de Noël, illustre le perpétuel renouvellement de One Piece depuis son premier tome, il y a 25 ans. On y retrouve Luffy, véritable icône d'une masculinité qui lui est propre, en lutte contre deux des plus grands pirates de tous les temps.

Par San Kerszner

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One Piece : une critique 100% tome 100

Le manga le plus populaire au monde, avec ses 490 millions d'exemplaires, a franchi un palier symbolique en France : le tome 100. Pour cause : les français sont particulièrement friands de One Piece, avec 26 millions de tomes vendus. Si le Japon a toujours un peu d'avance, tout le monde ne triche pas en lisant les scans en ligne. Conséquence : les ventes du nouvel opus logiquement explosé, avec un tirage à 250 000 exemplaires, un record annuel toutes bandes dessinées confondues.

Le succès du tome 100 s'explique à la fois par le succès de One Piece en général, mais aussi par la qualité de l'arc narratif actuel, se déroulant au Pays des Wa, "Wano Kuni" en japonais. Aux yeux des fans, il est d'ores et déjà considéré comme le plus abouti de toute la saga.

Luffy, l'homme

Mais d'abord, avant toute particularité du tome, celui-ci est acclamé pour la simple raison qu'il permet de suivre le protagoniste dans une nouvelle aventure : il s'agit bien évidemment de Monkey D. Luffy, le jeune garçon qui rêve de devenir Roi des Pirates.

D'une certaine façon, la composition de l'équipage est une ode à la différence : un renne-humain, un cyborg, un squelette, un homme-poisson. C'est dans cette modernité que s'ancre Luffy en incarnant un homme loin des stéréotypes masculins qu'on voit généralement dans les fictions héroïques. Le capitaine des Mugiwaras est petit, gringalet, vêtu d'un short, d'une chemise de plage et d'un chapeau de paille. Il n'est absolument pas calculateur, politique ou dominant, et il gagne le respect précisément parce qu'il ne cherche pas à se rendre influent.

Sur le plan émotionnel, il se laisse facilement submerger, il suit son instinct. Il rit, il pleure et il s'énerve souvent. En revanche, il est désintéressé par les relations amoureuses jusqu'à ignorer l'amour que lui porte la grande corsaire Boa Hancock, contrairement à d'autres personnages obsédés par les femmes tels que Brook et Sanji, souvent remis en place par la puissante Nami. De plus, Luffy est toujours présent pour son équipage et ses amis, au péril de sa vie et même si cela doit lui couter son rêve d'être Roi des Pirates. Pour lui, être Roi des Pirates "ne signifie pas d'être puissant ou célèbre", pour reprendre ses mots, mais de pouvoir voguer à travers les mers sans contraintes. Il ne souhaite pas détenir le pouvoir, il sera Roi quand il sera absolument libre.

L'homme qu'est Luffy, en trois mots : émotif, loyal et libre.

Le pays des Wa et ses grands enjeux

On l'attendait depuis le tome 47. L'arc du Pays des Wa avait été annoncé avec enthousiasme dans l'intrigue. L'auteur Eichiro Oda lui-même avait confié sa hâte d'aborder cet arc, notamment pour sa passion des samouraïs qui peuplait son pays d'origine et se retrouvent désormais dans One Piece.

En effet, dans le tome 100, l'équipage des Mugiwaras se retrouvent dans le Pays des Wa, une sorte de Japon féodal revisité à la sauce fantaisiste de One Piece. Ce territoire est coupé du reste du monde, dirigé par le sombre shogun Kurozomi Orochi à coup de misère et de pollution. Derrière cette dictature se trouve également l'un des quatre Empereurs de la piraterie, Kaïdo, puissant guerrier, également allié à l’Impératrice pirate Big Mom.

Les enjeux épiques sont dignes de grands arcs qui avaient marqué les fans tels que Marine Ford, lorsqu'un grand nombre de personnages de renoms se réunissaient pour un affrontement fatidique.

Visuellement, Le Pays des Wa est aussi l'un des arcs les plus aboutis de One Piece, permettant à une si vieux manga l'exploit de rester surprenant. Même au sujet de Dragon Ball Super, on ne peut pas en dire autant. Visuellement et narrativement, tout est absolument colossal, et pour preuve : Kaido et Big Mom sont de tailles tellement vertigineuses que le dessinateur n'a de cesse de déployer de nouvelles techniques illustratives pour conserver le gigantisme des personnages. Luffy contre ces deux Empereurs pirates, c'est comme David contre non pas un, mais deux Goliaths !

Il faut noter qu'une grande guerre se prépare, amorcée depuis les évènements de Dressrosa, il y a déjà quelques années. L'alliance entre deux personnages si importants pour affronter marque un clivage dans l'ampleur de l'histoire. Oda a même reconnu récemment que ses lecteurs devaient se préparer à l'approche de la fin du manga, et que le pays des Wa n'était que les prémices de la fameuse bataille d'envergure, inédite dans l'intrigue. Cette bataille pourrait faire office de grand final - ou comme l'introduction du grand final.

Heureusement, nous n'y sommes pas tout à fait. Ce sera à Oda de décider combien d'années encore il faudra attendre pour en arriver à ce stade...

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