The Walking Dead : le monde de demain
La série d’anthologie décrit un monde apocalyptique où la survie se hisse au rang d’art de vivre. Ceux qui pensent qu’il s’agit simplement de dézinguer des zombies à tour de bras se trompent. The Walking Dead, c’est l’homme à l’état brut débarrassé des artifices de la société. La loi du plus fort règne en maître. Les personnages élaborent des stratégies quasi militaires pour survivre. C’est un jeu d’échec où il faut toujours avoir un coup d’avance.
Une série d’anticipation
Chômage, surpopulation, consommation de masse, virus, réchauffement de la planète. Les signaux d’alerte sont multiples. Le monde est en train de sombrer tel le Titanic. Les gens vivent, désormais, dans une peur perpétuelle. Adaptée de la bande-dessinée du même nom par les créateurs géniaux que sont Frank Darabont et Robert Kirkman, The Walking Dead est un miroir de notre époque moderne. C’est ce qui pourrait advenir si l’on n’y prend pas garde. En effet, une épidémie mondiale a transformé les êtres humains en morts-vivants. Difficile de ne pas penser au Coronavirus, bien que ses conséquences ne soient pas si drastiques.
L’histoire suit le personnage de Rick Grimes interprété par l’excellent acteur Andrew Lincoln dans le sud profond des États-Unis. Il rencontre un groupe de survivants au sein duquel les êtres sont souvent plus dangereux que les zombies eux-mêmes. Les règles ont changé. Nous voilà revenus au temps des premiers Hommes. Quand le monde n’était qu’un territoire hostile, indompté, sauvage. Les personnages, tous d’une rare complexité, évoluent dans un véritable No Man’s Land. Aucune rédemption possible. L’Homme est condamné à une errance perpétuelle, déambulant sur les longues routes abandonnées. Au cours de la série, il y a de nombreuses tentatives, toutes vouées à l’échec, de vouloir reconstruire une société digne de ce nom : l’Homme est devenu le maillon faible de ce nouveau monde. Anciennement prédateur, c’est, désormais une proie. Les zombies personnifient la mort à laquelle l’Homme doit faire face. Elle est constante et inéluctable.
En ce sens, The Walking Dead symbolise la fin des temps.
La dernière saison : un crépuscule teinté de noirceur
La saison onze de The Walking Dead est, en effet, d’une noirceur abyssale. Teintée d’une pellicule glaciale, elle photographie des paysages morts, des sols craquelés, et des arbres dénués de branches. Les survivants surgissent tels des ombres. On y découvre une atmosphère fantomatique digne des plus grands films d’horreur. Les personnages sont à bout de force et ne sont pratiquement plus humains. La frontière est devenue fine entre les zombies et les derniers protagonistes. Tout ce qu’il y avait d’humain en eux est mort. Ils apparaissent tels les derniers vestiges d’un monde à l’agonie. Ce sont les derniers soubresauts d’individus condamnés à mort.
Attention, spoiler !
La symbolique du premier épisode est d'autant plus forte. Le groupe arpente les ruelles crasseuses d’un tunnel infecté de zombies. Toute la série pourrait se résumer à cette image : un groupe d’hommes continuant à avancer malgré la mort certaine. Selon moi, c’est la meilleure saison de toute la série car elle réussit à saisir la moelle épinière de la nature intrinsèque du monde. Tout est voué à disparaître. La mort grignote les derniers souffle de vie.
Pour finir, la série est une réflexion profonde sur le rapport de l’Homme au monde. Quelle est sa véritable place ? Quel rôle a-t-il à jouer dans le grand ordre des choses ? Là, on parle évidemment d'Homme au sens d'humanité. Face à des zombies, face à la mort, face à l'imminence d'un nouveau monde, l'homme et la femme ne se discutent plus.